Le brouillard est tellement opaque que tu t'étouffes dans cette forêt. Tes pieds continuent de fouler le sol alors que tu t’es perdu depuis maintenant de longues minutes du chemin que tu suis tous les jours pour ton footing. Tout à coup, tout te semble moins sûr, tes sens se mettent aux aguets, le moindre bruit attire ton attention. Tu sursautes en entendant un corbeau croitre et tu regardes deux fois avant de poser le pied par terre, de peur de t’encoubler en te coinçant le pied sous une racine. Plus tu avances, plus tu as l'impression que le nom de cette forêt lui est bien attribué car tu n'arrives bientôt plus à distinguer ton ombre. Ton cœur s'emballe alors que tu entends une brindille craquer au loin. Tu observes ce qui t’entoures mais rien mis à part des arbres. Tu te dis que ce n’est rien mais ta respiration devient de plus en plus rapide alors que des sueurs froides commencent à couler le long de ta nuque et que tes muscles se tendent. Et cela recommence. Mais cette fois, cela vient de ta droite et ça s’est rapproché. Il te semble distinguer comme une luciole se déplacer dans cette obscurité qui est reine. Elle est cependant trop grande et se balance trop régulièrement pour être cet insecte inoffensif. Ton instinct te crie de courir le plus loin possible mais tes jambes restent sur place, comme paralysées par la peur qui est arrivée comme un coup de poing dans ton estomac. Plus la forme s’avance, plus tu peux voir qu’elle a une forme humaine et qu’elle est cachée sous une sorte de cape qui te permet de ne rien voir de précis. Tout ce que tu sais, c’est que sa présence te glace le sang et t’hypnotise. La luciole se transforme en une lanterne que tu peux distinguer parfaitement maintenant. Elle se balance gentiment au rythme des pas de l’inconnu qui se déplace dans un silence qui te semble presque… morbide. Tout à coup, tes jambes commencent à reprendre le dessus sur ta conscience et tu réussis à t’enfuir. Tu cours cent mètres, un kilomètre… Tu en as aucune idée mais c’était comme si tu tournais en rond. Puis tu t’arrêtes pour reprendre ton souffle, mais à peine tu t’accoudes sur tes genoux que tu l’entends, plus proche qu’avant. Alors qu’il s’approche, maintenant dangereusement, tu tentes de crier, mais rien ne sort de ta gorge alors que tu as l’impression que tes cordes vocales se déchirent. Et enfin il est assez prêt pour que tu voies un visage se dessiner, un visage humain. Il s’arrête et t’adresse un sourire malsain. Tout à coup, tu remarques que ses lèvres se gercent fortement et que cela se répand tout autour de sa bouche Son visage se déforma au fur et à mesure qu’il avançait dans ta direction, te donnant l’envie de vomir. Puis ta vue devint trouble, tout à coup, la bouche gercée s’ouvre pour laisser paraitre deux lignées de dents et une langue coupée en deux à son extrémité. Et ce fut ta dernière vision. C’est comme si tu t’envolais de ton corps pour rejoindre le néant, laissant un corps vide qui s’effondre dans les feuilles comme un vulgaire sac de pomme-de-terre. ***